traverser sur un voilier bien équipé
Choisir et équiper son voilier

Équiper votre bateau pour une traversée d’un ou plusieurs jours


Alors ça y est vous vous êtes décidé! Cet été vous faites une virée en Espagne ou en Corse. Au programme grande traversée et petit cabotage. Sauf que c’est la première fois que vous partez si loin avec votre bateau et que vous vous demandez comment l’équiper pour une traversée d’un ou plusieurs jours.

Dans cet article nous allons donc faire le point sur l’équipement minimum que vous devriez emporter, plus celui dont vous pouvez vous passer mais qui vous apporterait un peu plus de confort et de sécurité. Le sujet n’est pas simple car pratiquer la course à l’armement peut rapidement essorer vos économies.

Les technologies se développent très rapidement, qu’il s’agisse de l’électronique, des voiles, de l’accastillage et des assistances électriques. Le choix est vaste, les innovations se multiplient, bref on s’y perd!

Montons à bord et commençons donc par inspecter le pont!

Les équipements de pont

En traversée vous passerez beaucoup de temps à veiller dans le cockpit. Depuis ce poste de quart vous voudrez suivre la marche du bateau, guetter les autres navires, lire un bon roman, et manœuvrer facilement.

Cela nous fait beaucoup de points à examiner!

Un cockpit confortable et protégé

Il nous faut donc du confort et une bonne protection contre le froid, les embruns, le soleil ou la pluie.

Sur les monocoques une bonne capote de roof est indispensable en traversée. Les catamarans eux bénéficient généralement d’une casquette en dur qui protège largement le cockpit. Si vous devez faire fabriquer de nouveaux arceaux pour votre capote, demandez l‘ajout d’une main courante sur la structure pour vous aider à circuler ou à tenir debout dans le cockpit.

un cockpit bien protégé pour la traversée

 

A cela vous pouvez rajouter un bimini pour vous protéger du soleil. Mais faites attention à la prise au vent supplémentaire. Vous devez être en mesure de le rouler facilement quand le vent se lève pour diminuer le fardage au besoin.

Enfin quelques coussins de cockpit et des rangements ou vide-poches placés à l’abri de l’eau amélioreront l’ergonomie de votre poste de quart.

Faciliter les manœuvres

L’idéal serait de pouvoir manœuvrer votre voilier sans avoir à sortir du cockpit. Pour cela ramenez le maximum de bouts dans un piano sous la capote.

Si votre grand voile est équipée de ris automatiques assurez-vous que les bosses coulissent facilement. Si ce n’est pas possible mieux vaut garder le bon vieux système de prise de ris en pied de mât, même s’il vous garantit généralement une bonne douche quand la mer se lève.

Il en va de même pour votre enrouleur de génois. Les réglages du chariot devraient être ramenés au cockpit, et l’enroulement ne doit pas requérir une force herculéenne. Tous ces points doivent être optimisés avant le départ.

Des voiles adaptées à votre programme de navigation

Vous pouvez vous contenter d’un génois sur enrouleur si votre budget est un peu juste. Cependant dès que possible je vous conseille de vous équiper d’un solent ou d’une trinquette sur étai largable. Cette voile vous permettra de faire un près bien plus efficace que votre génois enroulé partiellement. Car en naviguant au près dans du vent fort en traversée pendant des heures ou des jours vous êtes certains de déformer votre génois, de giter plus que nécessaire, et de faire un cap désespérant.

The sky is the limit – Photo Paul B

En revanche si vous pensez rencontrer de longues périodes de petit temps ou de portant, un gennaker sur emmagasineur, un code D ou un spi doté d’une chaussette vous épargneront pas mal d’heures de moteur.

Sécuriser vos déplacements

Si ce n’est déjà fait vous devez installer une ligne de vie courant de l’arrière à l’avant du bateau à bâbord et à tribord. En traversée, sauf par calme plat, et toujours en solitaire, vous devez circuler sur le pont attaché le plus court possible à cette ligne de vie. Vérifiez bien d’ailleurs sa solidité et ses points d’attache avant de partir. Certains propriétaires de voilier ajoutent en complément des points d’ancrage dans le cockpit.

Toujours dans l’optique de sécuriser vos déplacements sur le pont, il est important de vérifier la solidité de vos filières et l’ancrage de vos pieds de chandeliers. Enfin il peut-être judicieux de poser des mains courantes supplémentaires sur le roof si les passavants manquent de points d’accrochage.

Soignez les emplacements du matériel de sécurité

Regardez l’emplacement de votre radeau de survie. Pourrez-vous facilement le mettre à l’eau dans une mer agitée? Si la réponse est négative, revoyez cet emplacement et son système de fixation. La difficulté est de ranger le radeau à un endroit où il ne dérangera pas, où il ne s’abimera pas, mais d’où il sera le plus facile possible de le jeter à l’eau et …d’embarquer.

photo Challenge Business

Il en va de même pour la perche IOR et la bouée couronne ou tout autre dispositif de récupération d’homme à la mer que vous aurez choisi. Personnellement j’ai un faible pour la Silzig, Cette longue saucisse que l’on peut attacher entre les balcons et qui s’avère très pratique à l’usage.

Équiper et aménager l’intérieur de votre voilier pour une traversée

Vous allez naviguer de nuit. Il s’agit donc que les équipiers hors quarts disposent d’une banette confortable pour dormir même à la gite. A bord des monocoques, les couchettes du carré devront être équipées de toiles anti-roulis. Selon les circonstances il est également possible d’en disposer dans les cabines arrière. Oubliez par contre l’usage de la cabine avant au près: peu d’équipiers en sont capables!

Quant à la bordée de quart, elle appréciera de disposer d’un éclairage minimum qui ne l’éblouisse pas. Pour cela un éclairage vert est le plus adapté, comme dans les cockpit d’avions. On a tendance à privilégier le rouge, mais ce n’est pas la meilleur solution, sauf si vous comptez développer vos photos pendant la traversée 🙂

équiper son voilier pour une traversée de nuit

Enfin comme sur le pont il faut des mains courantes stratégiquement placées: sous le toit du roof et dans la descente notamment.

Pour des traversées d’une seule nuit vous pouvez être indulgents sur l’ergonomie de la cuisine, mais au-delà il faudra vous assurer qu’il est possible de cuisiner à la gite sans que le cuisinier ni les casseroles ne tombent de la gazinière.

Pensez à vous offrir une bouilloire marine, sans couvercle, et d’une cocotte minute ou tout autre engin qui permette de cuisiner rapidement et sans risque de débordement. Une sangle amovible peut aider le bosco à se maintenir si la cuisine ne permet pas de se caler correctement à la gite. Enfin une barre d’appui solide placée devant le four lui évitera de plonger la tête la première dans la soupe.

Enfin vérifiez bien que vos équipets ne s’ouvrent pas intempestivement, et optimisez les rangements autant que vous pouvez.

Les instruments de navigation électronique nécessaires en traversée

s'équiper en électronique pour une traversée hauturière

Bien évidemment vous pouvez naviguer sans électronique, si on met à part la VHF fixe et le récepteur BLU obligatoires en catégorie hauturière. Mais disons que pour un confort et une sécurité suffisante pour aurez sûrement à cœur d’investir dans:

  • Un pilote automatique
  • Une VHF ASN
  • Un récepteur AIS
  • Une appli de navigation et de routage tournant sur une tablette ET un smartphone du bord.
  • Une batterie externe, type Powerbank pour recharger ces appareils si celles du bord vous lâchent…
  • Un réflecteur radar en tête de mât (je sais ce n’est pas de l’électronique, mais il marche avec celle des autres bateaux)

Et… c’est tout!

Je suis sérieuse, il n’en faut pas plus pour vous mener à bon port si vous tenez des quarts sérieusement.

Mais si vous avez un peu de budget, je vous suggère d’ajouter des instruments qui vous aident à repérer les autres navires et à vous faire repérer à votre tour.

Vous pourriez ainsi vous doter d’un émetteur-récepteur AIS également appelé transpondeur AIS.

Si vous naviguez dans des zones à la météo capricieuse, où le brouillard et les averses peuvent considérablement diminuer la visibilité, un radar sera votre allié.

Pour les moins fortunés, le Mer-veille est un appareil qui détecte les radars allumés autour de vous dans un rayon de 1 à 5 milles. Mais attention: tous les bateaux sont loin d’utiliser leur radar en permanence, quand ils en sont dotés!

Enfin pour une grande traversée, équiper votre bateau d’un téléphone par satellite, du type Iridium Go, vous permettra de rafraîchir vos prévisions météo et vos routages jusqu’à 2 fois par jour. Mais sincèrement, compte tenu de la fiabilité des prévisions météo actuelles, pour une traversée de 1 à 5 jours seulement ça ne me paraît pas indispensable.

 

Assurer votre autonomie énergétique

Dans un précédent article sur la navigation de nuit je vous explique comment faire le bilan de la consommation électrique de votre voilier en navigation. L’idée est bien sûr que vous disposiez de moyens de production électrique suffisant pour assurer la recharge de vos batteries au large.

Pour une courte traversée l’alternateur du moteur peut suffire.

Au-delà de 24h, et sauf à réduire drastiquement votre consommation, vous serez content d’avoir installé des panneaux solaires.

Il existe d’autres moyens de charge: alternateur d’arbre d’hélice, hydrogénérateur, éolienne etc. Cependant l’usage de panneaux solaires est certainement la réponse la plus simple, polyvalente et efficace à ces question énergétiques en voilier.

équiper son voilier de panneaux solairespour une traversée

Pour limiter les dépenses énergétiques et financières, réduisez autant que possible votre consommation d’électricité pendant la traversée:

  • Installez des ampoules à led, pour les feux de tête de mât et pour l’éclairage des cabines et du carré.
  • Quant au frigo, gros consommateur d’énergie, vous pouvez sans doute le couper quelques heures la nuit sans dommages.
  • Il reste le pilote automatique dont vous pouvez régler la sensibilité de sorte à ce qu’il travaille le moins possible.

Le stockage de l’eau et des combustibles

Il n’est pas très difficile de transporter suffisamment d’eau, de gaz et de gas-oil pour une traversée de quelques jours. Généralement les réservoirs suffisent.

Cependant je vous propose de ne pas mettre tout vos œufs dans le même panier. La prudence commande en effet d’emporter des bouteilles ou des bidons d’eau potable en plus du contenu des réservoirs. Ceux-ci peuvent se percer ou bien rendre l’eau impropre à la consommation. De même emporter un ou deux bidons de 20 litres de gas-oil en plus du plein du réservoir principal pourrait vous dépanner en cas de calme plat.

Quant aux déssalinisateurs, à moins d’en avoir déjà un à bord, je pense que vous pouvez en réserver l’acquisition plutôt pour un projet de navigation transocéanique.

Le matériel de sécurité spécifique à la navigation hauturière

Selon votre pavillon vous n’avez peut-être pas d’obligations particulières en matière d’équipement de sécurité. En France nous avons une petite liste à respecter sur laquelle je ne m’appesantirai pas ici. Par ailleurs nous avons déjà évoquer l’emplacement du BIB et du dispositif de récupération d’un homme à la mer. Notez bien qu’il vous faudra donc aussi une balise EPIRB liée à votre navire.

A ce matériel obligatoire il peut être intéressant d’ajouter des balises individuelles AIS ou PLB et des lampes flash pour les équipiers de quart. Si vous choisissez l’AIS, et à condition que vous ayez un récepteur AIS, elles vous permettront de localiser vous-même vos naufragés, alors que la PLB transmettra le signal aux satellites qui le renverront vers les stations de sauvetage.

Enfin préparez un grab bag en cas d’évacuation du bateau: un sac étanche dans lequel vous aurez rangé vos papiers d’identé, carte bleue, médicaments indispensables, une vhf portable et tout ce qui pourrait faciliter votre survie. Pour aller plus loin sur ce volet sécurité en mer je vous invite à lire cet article très complet sur ce blog.

Alors dites-moi, maintenant que vous savez comment équiper votre bateau pour une traversée, quand partez-vous?

 

 


2 Comments

  • J-Louis

    Un dossier complet merci Katel qui regroupe toutes les questions que l’on doit se poser. Propriétaire d’un océanis 343 que j’ai équipé pour l’auturier, je m’interroge si avec un équipement d’origine 2X120 l d’eau et 75 l de gazoil je peux me lancer vers des destinations du grand large ( Açores , canaries Antilles etc… ) Certe je prendrais un complément d’eau douce bouteilles et 4X20 l de gazole et plus s’il faut mais est-ce un bateau pour de telles navigations ?
    Jlouis

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