naviguer pas cher
Apprendre à naviguer,  Choisir et équiper son voilier

Naviguer loin sans dépenser plus: 14 techniques imbattables.


Faites-vous partie de ceux qui vont rêver devant les Ultims et les Imoca avant le départ d’une grande course transocéanique?

Quand vous vous baladez dans la foule sur les quais, vous êtes impressionnés par les évolutions technologiques qui surgissent au détour de chaque foil, chaque morceau de carbone et de hauban textile.

Alors que vous, après des années de réflexion, vous venez d’acheter un Sangria de 1972 pour la modique somme de 3000€. 

Et même si vous aviez craqué pour un RM 10.50. Vous n’êtes toujours pas sponsorisé par  Rothschild. 

La voile fait rêver tout le monde, mais elle a aussi la réputation d’être un sport de riche. Sauf que c’est un gros mensonge.

  • Moitessier n’avait pas un rond, et pourtant il a passé le plus clair de sa vie à naviguer. 
  • Jérôme Poncet et Gérard Janichon étaient des étudiants fauchés: ils ont construit Damien et sont partis en Antarctique.
  • Yann Quenet a fait le tour du monde à bord de Baluchon, son voilier auto-construit de 4 mètres avec un budget ridicule. 
  • Vous connaissez aussi Hugo, the Sailing Frenchman, qui a retapé intégralement un Ecume de Mer avant de se lancer dans sa première transat.

La vérité est que tout dépend de vos standards de vie et de votre débrouillardise.

Dans cet article je ne vais pas vous expliquer comment la richesse de l’expérience compense l’inconfort du marin fauché. Non que je n’y croie pas, mais j’en ai déjà parlé ici sur ce blog. Je ne vais pas non plus vous répéter que si vous bloquez sur la question financière c’est peut-être que vous procrastinez sérieusement. 

Vous allez simplement découvrir 14 techniques que vous pouvez appliquer dès maintenant pour sortir du cercle infernal de la frustration.

Vous allez apprendre à naviguer avec vos moyens financiers. Et dans quelques jours, semaines ou mois, vous serez sur l’eau.

Commençons par le plus simple: la caisse de bord.

Technique N°1: Mangez local pour préserver la caisse de bord sans vous rationner.

Les économies c’est bien, mais si c’est pour manger des patates à tous les repas non merci. Alors que si vous planifiez votre avitaillement intelligemment, vous pourrez vous régaler sans dévaliser la caisse de bord.

La technique habituelle pour remplir la cambuse consiste à rédiger des menus à partir des recettes proposées par l’équipage puis à les convertir en liste de courses. 

Mais vous pouvez procéder autrement.

Constituez une base de produits de première nécessité. Des aliments de base qui reviennent dans la plupart des repas et qui peuvent vous nourrir à eux tout seul. Du riz, des pâtes, de la farine, des épices, du lait, quelques conserves de légumes, ce genre de chose.

Parmi ces produits, chargez en priorité ceux qui sont lourds à transporter. Et tant qu’à faire prenez-les en vracs et stockez-les dans des bacs en plastique étanches, style gros tupperware ou même de grosses caisses en plastique si vous partez plusieurs semaines.

Ensuite embarquez un peu de frais à consommer le temps d’arriver à destination.

C’est tout.

Pour le reste vous allez consommer local. C’est comme ça que vous pourrez vous faire plaisir, découvrir la culture et les gens sans vous ruiner. En vivant comme eux en quelque sorte.

C’est le moment de faire les marchés. De vous enivrer des arômes, vous laisser happer par les couleurs, les denrées inhabituelles, les spécialités concoctées par les petits traiteurs. 

Même si vous ne parlez pas la langue, essayez de vous renseigner, pour choisir et cuisiner au mieux des produits que vous ne connaissez pas.

Et puis simplifiez vous la vie en profitant des food trucks et des petits restaurants fréquentés par les locaux. 

Côté alcool vous avez aussi de belles économies à faire car il peut-être lourdement taxé dans certains pays. Déjà en évitant de boire en navigation, pour des raisons de sécurité. Mais à nouveau en adoptant les habitudes locales, quitte à vous passer de Saint Emilion pendant quelque temps…

Faire les marchés, les bouis-bouis et les terrasses des bistrots c’est la base.  Mais il y a encore plus fort pour se nourrir à peu de frais tout en se faisant méga plaisir…

Technique N°2: Apprenez à pêcher pour des repas frais, succulents, et gratuits!

La première fois que j’ai navigué en solitaire, entre Madère et les Açores, sous une nuit étoilée, j’ai pris une magnifique dorade coryphène. Au matin j’en ai tiré les filets, et mis une partie à mariner dans du citron vert et de l’huile d’olive.

Ce poisson, c’est un cadeau de Neptune. Un des plus fins que vous puissiez capturer au large. C’est une chance extraordinaire de pouvoir le déguster aussi frais, car sa texture et son goût sont alors incomparables.

Au large vous pouvez pêcher du thon, de la bonite, des thazards, selon la latitude. Au mouillage vous pouvez poser un casier à crabe, et en rasant les rochers à petite vitesse, à vous le bar, lieu, maquereau et cabillaud.

L’investissement de départ est faible si vous vous contentez de quelques lignes, et de quoi poser des leurres. 

Selon votre chance et votre zone de navigation il sera très vite rentabilisé.

Si comme moi vous êtes un peu fainéant-e, la pêche à la traîne est une solution très satisfaisante pour naviguer pas cher. Au large, elle demande peu de surveillance. Ensuite dans des endroits où la faune marine est préservée, comme en Irlande, vous pouvez espérer de belles prises très rapidement et sans expertise. 

Maintenant que vous avez le poisson, passons aux techniques de navigation.

Technique N°3: Fuyez les marinas et goûtez à la liberté du mouillage sauvage.

Quand vous voyagez, le plus coûteux c’est bien souvent le transport et le logement. Pour le logement, normalement vous dormez à bord. Mais si vous passez toutes vos soirées en marina, l’addition risque d’être salée.

Alors que… au mouillage c’est gratuit. Pas toujours, je vous l’accorde. Mais c’est infiniment moins cher qu’une place à quai.

Mais attention! Évitez les ancrages où s’agglutinent des dizaines, voire des centaines de bateaux au bord de la collision. 

Pourtant, qu’il est rassurant de poser son ancre là où sont tous les autres!

Si tant de skippers se sont posés là c’est que l’endroit doit être idéal.

Mais même si c’était le cas avant, la présence de tous ces voiliers rend ce mouillage désagréable, voire dangereux.

Au premier coup de vent ils vont déraper les uns sur les autres. Ensuite si vous aimez vous baigner dans une eau claire… je ne vous fais pas un dessin.

Pour faire de vraies économies sur les frais de stationnement, vous devez donc apprendre les techniques de mouillage, et vous former à la météo. 

Avec ces compétences vous pourrez quasiment inventer vos mouillages. Vous testerez le confort des criques, où des “criquettes” (caleta en Patagonie). Celles que les autres voiliers ignorent superbement parce qu’ils préfèrent suivre la masse plutôt que se fier à la météo…

Alors que vous, avec la technique suivante, vous allez encore vous écarter de la foule, pour votre plus grand bonheur et celui de votre compte en banque.

Technique N°4: Mettez-vous au routage pour réduire vos frais de carburant.

Votre vieux génois sur enrouleur pendouille lamentablement au-dessus des filières. La chaleur est écrasante et l’équipage tente d’échapper à la brûlure du soleil en se disputant le moindre coin d’ombre sous le bimini.

Pilot chart du mois de juillet: on trouve 14% de calmes entre la France et la Corse.

Tous ceux qui ont navigué l’été en Méditerranée l’ont remarqué.

Les calmes sont très fréquents, et vous pouvez passer des heures, voire des journées entières au moteur.

A 2 euros le litre, si vous vous rendez en Corse depuis le continent, la facture peut vite monter. Et je ne parle pas de l’usure du moteur.

Mais imaginez le même scénario sur une traversée plus longue. Il m’est arrivé de faire plus de 150 heures de moteur pour revenir à Brest depuis les Açores. 

Non seulement ça coûte cher mais en plus c’est hyper bruyant.

Il existe d’autres situations où vous pouvez être tenté de bourriner. 

Quand les vents sont contraires. 

Que le marin qui n’a jamais tourné la clé du démarreur pour éviter de tirer des bords interminables au près me jette le premier commentaire!

Les moteurs marins supportent mal la gîte. Au-delà d’un certain angle, la lubrification se fait mal, la mécanique s’use beaucoup plus vite.

Si vous poussez l’expérience contre le clapot ou une mer formée, votre bateau va taper et retomber lourdement dans les vagues. Tout le gréement courant et dormant sera malmené, la structure de la coque durement sollicitée.

Bref, ces longues heures au moteur en voilier n’usent pas que l’équipage.

Comment éviter cela?

C’est tout un état d’esprit. 

Si vous voulez naviguer pas cher et vivre des expériences de navigation agréable, vous devez anticiper ces risques.

Commencez par prendre la météo, et initiez-vous au routage pour contourner la pétole, naviguer au portant et choisir les meilleurs créneaux de départ.

Ensuite, assouplissez votre programme de navigation pour ne pas subir trop de contraintes de temps. 

Rien qu’avec cette stratégie, et un gennaker, vous pouvez éliminer 80% de vos heures moteur.

Technique N°5: Choisissez vos applis avec des critères de simplicité et de fiabilité.

Dans certains domaines, moins c’est plus.

Vous êtes-vous déjà perdus dans le labyrinthe des applications de cartographie, de routage et de météo? 

Première règle pour préserver vos finances: évitez les abonnements. Et quand ce n’est pas possible choisissez les moins coûteux (parmi les solutions éprouvées, évidemment).

Deuxième règle: ne vous laissez pas séduire par les options. Allez droit à l’essentiel et privilégiez la simplicité. 

Si c’est de la carto que vous voulez, vous n’avez pas besoin de 15 options d’affichage nocturne ni de cumuler toutes les fonctions en une seule appli. 

Quand on peut tout faire avec une seule application, généralement elle coûte super cher, et elle est plus difficile à prendre en main. En plus si elle bug et que que vous n’avez qu’elle, vous perdez tout.

Par exemple, j’adore l’application météo Windy pour les prévisions. Mais en mer si je veux voir le radar météo, j’ouvre une appli de radar météo. Parce que je veux voir la carte des grains avant qu’il ne soit trop tard, sans avoir à chercher dans les options.

Dans ce tuto je vous donne ma dernière sélection d’applis de navigation, c’est du bonus profitez en.

Technique N°6: Choisissez des destinations abordables et vivez une expérience de voyage bien plus immersive.

Vous vous souvenez de la technique N°1?

Il s’agissait de manger comme les locaux. Pour cela il faut les observer, leur parler, leur demander des recettes, les meilleurs endroits où manger.

Quand vous avez les mêmes besoins que les habitants, vous finissez toujours par partager leur quotidien.

L’avantage est que ça peut devenir vite très immersif.

L’inconvénient est que vivre en immersion le quotidien d’un Norvégien, d’un Canadien, d’un Grec, d’un Croate ou d’un Espagnol ne nécessite pas du tout le même budget.

Sans parler des transports, des nuitées en transit si vous devez rejoindre un bateau à l’étranger. Le coût peut très vite exploser.

L’été passé j’ai eu la chance d’être invitée à naviguer aux îles Féroë en partant d’Ecosse. Avec un équipage de bons vivants peu disposés à renoncer aux standards culinaires et apéritifs français. Dans un pays où la plupart des vivres sont importés et où l’alcool est très taxé. 

Si j’additionne le coût des transports et de la caisse de bord, je pense que c’est la co navigation la plus onéreuse que j’ai pu pratiquer.. L’autre co-navigation dont le coût s’est avéré plutôt élevé, c’était la descente du Saint-Laurent de Quebec à Halifax. Beaucoup d’arrêts en Marina, 2 vols long-courrier, et un coût de la vie au standard Nord-Américain. 

Alors qu’en naviguant en Irlande, en Croatie et en Grèce, je n’ai pas dépensé plus d’argent que si j’étais restée chez moi.

En Irlande vous pouvez passer votre soirée dans un pub à écouter de la bonne musique pour le prix d’une pinte. 

Ces derniers pays partagent 3 caractéristiques très intéressantes:

  • un coût de la vie modéré,
  • une multitude de mouillages sauvages
  • et une culture du système D.

Justement, le Do it Yourself et le système D sont les clés de votre survie financière en mer à long terme. Et même de votre survie tout court.

Technique N°7: Entretenez vous-même vos équipements pour ne plus dépendre des professionnels.

Vous aimez la liberté? Vous ne voulez pas rester coincé 3 semaines au port dans l’attente d’un mécano?

Les pannes coûtent cher quand on ne sait rien réparer soi-même. 

Apprenez les bases de la mécanique, de l’électricité, du matelotage, la couture et du polyester. Juste de quoi entretenir moteur, voiles, gréement et faire quelques menues réparations sur l’étrave et le pont.

Ces domaines techniques si vous les ignorez vont vous embêter (et je suis polie) toute votre vie de marin. Ils vont vous empêcher de naviguer en toute sécurité. Ils vont vous obliger à sortir la carte bleue à chaque escale et à immobiliser régulièrement votre voilier.

Ou alors évitez de posséder un bateau. Contentez-vous de louer, ou de faire du BDA. Mais choisissez bien vos loueurs et vos embarquements… Parce que savoir dépanner même le bateau des autres peut aussi vous sauver une croisière. 

Tiens d’ailleurs, et si nous abordions la pratique du BDA pour naviguer pas cher?

Technique N°8: N’achetez pas de voilier, faites-vous plutôt des amis.

Le pire investissement que vous puissiez faire à titre personnel?

Acheter un voilier habitable et prendre une place de port dans une marina.

C’est le combo perdant: un bien qui se dévalue, demande un entretien régulier et des coûts de possession importants.

Il faut être passionné, tenace, et disposer de beaucoup de temps ou d’argent. Ou les deux. 

Mais le souci majeur des propriétaires de voilier, c’est de trouver des équipiers. 

Tout le monde n’a pas en effet la possibilité ni le désir de naviguer en solitaire. Et puis certaines destinations ne s’y prêtent pas du tout.

Ce problème vous donne tout de suite un avantage.

Surtout quand vous disposez de compétences utiles et variées (par exemple en mécanique, couture, pêche…), d’un enthousiasme inaltérable, et de la capacité de rejoindre un bateau dans les coins les plus reculés de la planète.

Dans ce cas, les skippers vont s’arracher votre présence à bord. Si les premières navigations se passent bien, vous deviendrez amis, et vous serez les premiers sur leur liste d’équipage.

Vous n’aurez même pas besoin de payer pour naviguer. Juste le partage de la caisse de bord et un bon coup de main pour le carénage.

On appelle cette pratique le BDA, Bateau des Autres. 

Pour trouver un embarquement de ce type, vous avez plusieurs solutions: 

  • Vous inscrire sur un site de co navigation.
  • Rejoindre une bourse des équipiers sur Facebook.. 
  • Adhérer à un club de voile. 
  • Ecumer les bars du port et laisser des annonces partout.

Mais si vous préférez être le seul maître à bord sans acheter votre bateau, il vous reste la location.

C’est vous qui aurez besoin d’équipiers pour faire baisser le coût par tête de pipe. Des amis qui naviguent, ou peut-être des membres de votre famille.

Et là vous vous demandez peut-être comment réunir un tel équipage. Eh bien, c’est très simple: ces amis là vous pouvez les rencontrer facilement en pratiquant d’abord… le BDA!

Technique N°9: Achetez un petit voilier

Donc si vous y tenez à ce point, allez-y, achetez le, ce voilier. De toute façon maintenant que vous êtes prévenu-e, vous savez ce qui vous attend.

Pour que l’aventure réussisse, je vous conseille de le choisir à la mesure de votre budget et du temps dont vous disposez pour l’entretenir.

Le plus raisonnable serait alors d’opter pour un petit voilier, idéalement récent si vous n’êtes pas tenté par un refit complet.

La notion de “petit voilier “ varie d’un individu à un autre. Récemment une connaissance s’est étonnée que j’aie choisi un “petit voilier “ pour mes projets arctiques. 

Mon voilier mesure 35 pieds, pour 4 mètres de large. Comme j’ai entrepris de refaire moi-même la peinture du pont, je peux vous promettre que je le trouve déjà vraiment très grand… Quand je devrai le manœuvrer en solo dans les ports je suis certaine que je penserai la même chose.

Mais le monsieur qui m’a dit ça possède depuis des décennies une goélette en acier de 16 mètres. Il exerce aussi un métier très rémunérateur. Alors forcément…

naviguer pas cher avec un petit voilier

Vous savez probablement que Bernard Moitessier a passé 20 ans de sa carrière de navigateur au long cours à bord de Joshua, solide ketch en acier de 12 mètres.

Quand il a dû s’en séparer, il s’est mis en quête d’un voilier bien plus petit. Tamata faisait encore 10 mètres, mais si cela avait été possible le navigateur aurait préféré un 9 mètre. Il connaissait les sacrifices que chaque mètre de plus signifiait en termes d’investissement financier, temporel et physique. 

Quelque chose me dit qu’on peut lui faire confiance sur ce point…et je suis certaine qu’il n’aurait pas renié le suivant.

Technique N°10: Oubliez la course aux équipements, pensez low-tech.

Quel bonheur que de prendre une douche à l’eau douce tous les jours pendant une transat! 

De disposer d’un grand parc de batteries au lithium doublés d’une belle surface de panneaux solaires et d’une antenne Starlink pour regarder Youtube le soir au mouillage..

Vous devinez ce qui serait cool de s’offrir l’année prochaine?  

Un gyrocompas pour garder un peu plus longtemps le code zéro au près quand la mer commence à se former. A moins de changer tout l’électronique pour passer au standard NMEA 2000🤔?

Donc là vous devez vous attendre à ce que je prône le minimalisme et des navigations nettement plus spartiates.

Pas forcément. Vous pouvez définir une stratégie de sobriété pour naviguer pas cher, mais sans renoncer à ce qui améliore significativement votre expérience en navigation.

Certains équipements vous feront inéluctablement rentrer dans une course à l’armement. Les voiles en tissus laminés par exemple n’ont de sens que si vous optimisez tout pour la vitesse: manilles textile, bouts en dyneema, hélice bec de canard etc.

 Alors que vous avez d’autres moyens d’optimiser votre vitesse: mieux répartir les poids, limiter la charge, garder une carène propre, régler vos voiles aux petits oignons etc.

Pour avoir plus d’eau douce vous pouvez installer des récupérateurs d’eau de pluie et installer des pompes à pieds sur les lavabos.

Quant au pilote, un combo régulateur d’allure + petit pilote pour la pétole est-il envisageable?

Ces solutions low-techs réduisent drastiquement les sources de pannes, les coûts d’entretien. les besoins énergétiques et votre impact écologique. Pensez-y sérieusement.

Technique N°11: Vivez à bord toute l’année

D’après l’observatoire de la Plaisance en 2018, “1% des places de port liées à la plaisance privées étaient occupées à titre de résidence principale”, ce qui ferait environ 2000 bateaux habités, au ponton, toute l’année en France métropolitaine.

La solution peut vous paraître radicale, mais faites le calcul. A combien vous revient votre habitation, eau, électricité et taxes diverses comprises? 

Si vous habitez à bord, cette somme devient immédiatement disponible pour vos projets nautiques, n’est ce pas merveilleux?

Vous pourrez même envisager le fameux mètre de plus pour votre futur voilier! Et entre nous ce n’est pas une mauvaise idée si vous voulez conserver un niveau de confort suffisant pour tenir vos résolutions dans la durée.

Quoiqu’il en soit, cette solution est souvent choisie par les familles qui préparent une grande croisière, au moins dans les mois qui précèdent le départ. Cela vous met dans le bain tout de suite 😉

Technique N°12: Construisez ou rénovez votre bateau pour en diviser le coût.

On touche maintenant à une solution encore plus extrême et très incertaine.

Elle suppose évidemment que vous ayez du temps et de (très) bonnes aptitudes au bricolage. Sans quoi vous êtes certain-e d’y perdre beaucoup: temps, argent, couple..

Il est tout à fait possible d’acquérir un bateau à différents stades de sa fabrication et de le finir soi-même. Comme ce Sailscow 37 en CP epoxy.en kit à monter soi-même 🙂

Construire ou remettre un voilier en état est une excellente manière d’apprendre à connaître son bateau à fond. Avec toutes ces heures passées à le décortiquer, vous saurez exactement où intervenir en cas de panne ou d’avarie.

Restons réalistes cependant: beaucoup de coques abandonnées en cours d’aménagement se retrouvent sur les pages des petites annonces.

Une autre possibilité pour naviguer pas cher est de vous construire un mini-voilier comme le baluchon de Yann Quenet, il a plein de plans de construction à vendre à des prix dérisoires sur son site, allez-y au moins pour la curiosité

Ou alors, récupérez une épave et remettez là en état. Mais soyez hyper prudent car là non plus ce n’est pas toujours (et même rarement) la bonne affaire.

Pour vous en donner une idée, regardez comment je suis passée de 1000€ à 8000€ pour un bon vieux first class 8. 

D’expérience, je trouve très difficile d’estimer correctement la durée et le coût du refit total d’un voilier. Pour ne pas se laisser surprendre, il faut tout, absolument tout chiffrer et rajouter 15 à 20% au total. 

Quant au temps de travail, je ne sais pas vous, mais moi je me plante à tous les coups. Ce qui me rassure, c’est que le chef du chantier où est stocké mon bateau m’a dit qu’il avait le même problème.

Si après toutes ces propositions vous n’avez pas encore trouvé le moyen de larguer les amarres à petit prix, je vous en propose 2 autres, qui peuvent vous mener vers des aventures que vous ne pouvez pas imaginer!

Technique N°13: Convoyez des voiliers neufs pour les livrer à leurs bases de location.

Quand on vous parle de convoyages transocéaniques à bords de voiliers flambant neufs, vous vous frottez les mains, les yeux brillants d’envie. En voilà un bon plan!

Vous vous imaginez déjà traverser l’Atlantique à l’œil à bord d’un confortable Léopard 45. A vous les dauphins, les couchers de soleil, les moyennes à 200 milles par jour, et le ti-punch à l’arrivée!

Mais ce n’est pas comme cela que ça se passe dans la vraie vie. 

Le convoyage de voilier est une activité réglementée. Si vous embarquez avec un skipper pro, vous ne pouvez pas l’assister bénévolement dans sa mission. Vous devez posséder à minima un Capitaine 200 et être inscrit maritime. 

Voilà.

Je sais, ça fait un peu rabat-joie.

La bonne nouvelle est qu’il existe un autre cadre dans lequel vous pouvez convoyer un bateau.

Vous pouvez parfaitement aider (gratuitement) un skipper-propriétaire à convoyer son bateau d’un point A à un point B. 

La seule différence avec une croisière classique c’est que le but principal de la navigation, c’est de convoyer le bateau à destination. Normalement ce n’est pas une navigation où l’on prend le temps de faire du tourisme. Mais pour une grande traversée, avouons que ça ne fait pas grande différence.

Sur certains trajets atypiques le skipper sera tellement content de trouver un-e équipier-e qu’il ne devrait pas vous demander une grosse participation. Peut-être même vous offrira t-il (ou elle) le transport jusqu’à son voilier.

Le risque est par contre d’embarquer sur un voilier que vous ne connaissez pas avec quelqu’un que vous ne connaissez pas, pour un long périple. Pour naviguer à pas cher, certains éléments de prudence et de vérification s’imposent que je détaille dans cette video.

Passons maintenant à votre dernier joker pour naviguer loin sans dépenser plus, mais non le moindre.

Technique 14: Créez un blog sur la croisière en voilier

Imaginez d’être rémunéré pour pratiquer votre passion, sans avoir à devenir skipper professionnel.

Je sais ça parait fou, mais c’est bien ce que j’ai fait. 

Vous aussi vous pourriez y penser. Une go pro , quelques connaissances en montage vidéo, et c’est parti!

Bon d’accord, c’est un peu plus compliqué que cela. D’ailleurs c’est peut-être aussi difficile que de construire son propre voilier. Ça ne m’étonnerait pas car il faut y consacrer du temps, aimer la création de contenu, la pédagogie et acquérir beaucoup de compétences spécifiques.

Il existe cependant des manières (un peu) plus accessibles de médiatiser ses navigations pour en réduire le coût. Par exemple la création d’un vlog  sur Youtube et d’un canal Instagram pour attirer des sponsors ou du mécénat.

Je suis certaine que vous suivez déjà plusieurs navigateurs qui le font déjà. Mais attention à cela car il y a un piège!

Quand vous regardez sur NBJS ou TheWorldface des marins s’aventurer en solo dans les mers Arctiques, ou le catamaran Black Lion embouquer la fleur au fusil les passes des lagons les plus dangereux de l’Océanie, êtes-vous bien sûrs que cela nourrit vraiment vos projets?

Donnez-vous des objectifs atteignables

Avant d’en arriver là, ces marins ont commencé par le début. Ils ont appris, ils ont commencé petit, puis ils ont fait grossir leurs bateaux et leurs ambitions.

Si vous les cueillez au sommet de leurs exploits, ils vous sembleront inaccessibles. Vous vous direz: ils ont de la chance, ils ont du temps, ils ont de l’argent, ils savent…moi je n’ai pas les moyens, alors je préfère juste regarder.

Comme vous regardez les Ultims se balancer aux bout de leurs amarres en attendant le grand jour. Sauf que les Ultims partiront. Avec des budgets colossaux. Et des marins d’exceptions, des guerriers qui ont tout sacrifié pour vivre 45 jours dans un enfer de carbone résonant.

Vous, pour naviguer pas cher, mais loin, vous pouvez commencer par du BDA. Ou un petit voilier. Et faire gaffe à la caisse de bord, sans sacrifier totalement votre confort. Juste modifier vos habitudes, vous adapter, naviguer malin, stratégiquement.

Qu’allez-vous faire maintenant? Dites-le moi ici, ça va vous motiver, et encourager les autres à se lancer.


2 Comments

  • Stéphane

    Coucou Katell,

    Bonne année, à toi, tes proches, ton blog et tes vidéos.

    Juste une remarque : un régulateur d’allure coûte cher (plus cher en tout cas que mon gyropilote au standard NMEA 2000… clin d’oeil), et n’est pas forcément adapté à tous les bateaux (en particulier les plus petits).

    Plus généralement, en matière de course à l’équipement, cerner exactement son besoin en fonction de sa manière de naviguer est probablement la manière de limiter les coûts intelligemment sans pour autant « se restreindre » (par ex, j’ai un petit bateau, je fais du solo, donc un bon pilote est nécessaire … et si je régate, ce n’est que pour l’ambiance avec les bateaux copainset et pas le résultat donc des voiles hi-tech sont superflues).

    Excellent article comme d’hab !

  • Katell

    Hello Stéphane, merci de ton commentaire 🙂
    Pour le régulateur d’allure j’ai utilisé un Navik sur le Brise de Mer 28 de ma mère, puis un atoms sur mon Chance 32. Je les ai utilisé en grande traversée et en nav côtière à une époque où les panneaux solaires se faisaient encore rares sur les voiliers. Donc ça marche vraiment bien sur les petits bateaux aussi, et ces modèles . Pour les tableaux avec safran extérieurs il y a des adaptations possibles. Après tu as raison, ils coûtent chers, mais le surcoût est compensé si tu réduis la puissance de ton installation électrique, par rapport à un pilote électrique de puissance équivalente.

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