mouillage réussi dans une calanque
Apprendre à naviguer

7 secrets pour un mouillage réussi


Vous êtes réveillé par le claquement du chariot d’écoute de grand-voile qui bute sur ses bloqueurs. Le bateau roule anormalement. Vous bondissez en petite tenue dans le cockpit. La fraîcheur de la nuit vous saisit. Pas le temps d’attraper une polaire, les rochers sont tout proches et vous démarrez le moteur en catastrophe.

Pourtant, si vous êtes comme moi, un de vos plus grands plaisirs en mer est de passer vos soirées à l’ancre, dans des criques tranquilles aux paysages sublimes.

Mais comment être certain-e de dormir sur vos deux oreilles alors que tant de fois vous avez dérapé au mouillage?

Voici mes 7 secrets pour profiter d’un des plus grands plaisirs que la navigation puisse nous offrir: un mouillage réussi!

1. Choisir un site abrité

Plongeons ensemble dans notre première astuce cruciale pour un mouillage réussi : choisir un site abrité. C’est un élément fondamental pour garantir votre confort et la sécurité de votre embarcation.

  • Regardez d’abord la direction de la houle. Méfiez-vous car parfois elle vient d’une autre direction que celle du vent. Vous aspirez à une soirée paisible, sans être balotté d’un bord à l’autre. Un site bien abrité vous offre cette tranquillité.
  • Ensuite, parlons des vents. Une brise légère est agréable, mais les vents forts qui sifflent dans le gréement, c’est une autre histoire. Or certains mouillages présentent des reliefs qui accélèrent les vents du large au lieu de les arrêter. Pour le savoir, interrogez les guides nautiques, les cartes, les marins locaux et jetez un œil sur Navily.
  • Méfiez-vous aussi des vents catabatiques, ces courants d’air froid qui dévalent subitement les pentes et transforment une nuit tranquille en un véritable enfer. 
  • Enfin n’oubliez pas le paysage ! Un site abrité avec une vue magnifique, c’est la cerise sur le gâteau. Imaginez un réveil avec une vue imprenable sur une mer calme et un paysage à couper le souffle. C’est aussi ça, le plaisir du mouillage.

En somme, choisir le bon site pour mouiller, c’est allier sécurité et plaisir. C’est trouver cet équilibre parfait entre protection naturelle et cadre idyllique.

2. Vérifier les prévisions météo

Capitaine, attention à la météo ! En tant que navigateur averti, vous savez déjà combien la météo peut être capricieuse en mer. Pour un mouillage sûr et serein, un œil attentif et régulier aux prévisions est indispensable.

Vous êtes probablement familier avec ces changements soudains de temps en mer. Un ciel clair qui se couvre en quelques minutes, des vents qui se renforcent sans prévenir… 

prévisions météo sur windguru
Prévisions sur Windguru
  • Consultez les bulletins météo locaux avant de jeter l’ancre. Ce n’est pas juste une question de confort, mais de sécurité. Un coup de vent imprévu ou une houle soudaine peut transformer une nuit tranquille en une situation délicate.
  • Gardez un œil sur les tendances météo même après avoir mouillé. Les conditions peuvent changer rapidement, et être à jour vous permettra de réagir efficacement en cas de besoin.
  • L’outil idéal ? Votre smartphone ou votre VHF. Avec les applications météo modernes, comme Windy (ma préférée), vous avez accès à des prévisions détaillées et actualisées. Cela vous donne un avantage non négligeable pour anticiper les évolutions du temps.

En résumé, vérifier la météo à l’ancre avant de vous coucher, c’est un peu comme regarder la route avant de traverser. C’est un geste simple, mais qui peut faire toute la différence entre un mouillage réussi et une nuit agitée.

3. Connaître la nature du fond

Ami navigateur, le fond sous-marin est le meilleur ami de votre ancre ! Choisir le bon fond pour mouiller est aussi crucial que choisir un bon vin pour un dîner (Et n’est-ce pas ce que vous ferez après avoir mouillé?). Vous voulez que tout soit parfait.

mouillage de lampaul
R pour Roches et S pour Sable
  • Les fonds de sable ou de vase dure sont vos meilleurs alliés. Ils offrent une bonne tenue pour la plupart des ancres. Si vous respectez les règles de l’art, votre ancre se plantera solidement, vous offrant une nuit de tranquillité sans souci de dérapage.
  • Les fonds rocheux et les algues sont traîtres. Votre ancre pourrait peiner à trouver prise, vous laissant vulnérable à un mouvement inattendu du bateau. 
  • Protégez le corail! – évitez d’y jeter la pioche. Il est crucial de le préserver pour la beauté et la santé de nos océans.

4. Tenir compte des marées et des courants

La marée peut changer la donne pour votre ancrage.

mouillage à l'échouage
  • Calculez la hauteur d’eau à marée basse pour éviter l’échouement – un scénario que vous préférez certainement regarder sur Instagram plutôt que de le vivre en direct. A moins que ce ne soit volontaire si vous décidez par exemple d’aller à l’île de Sein (suivez ce tuto).
  • Calculez aussi le marnage total pour ajuster la longueur de votre chaîne. Et n’oubliez pas que plus le marnage est important, plus le courant sera fort.
  • Le courant, justement, peut influencer l’orientation et la tenue de votre mouillage. Si le changement est brutal, votre ancre peut se décrocher. De même si vent et courant travaillent dans des directions différentes. Observez tous les indices sur le plan d’eau pour éviter au maximum cette configuration.

Gardez donc à l’esprit ces deux forces naturelles. En les respectant et en les comprenant, vous assurez non seulement la sécurité de votre bateau, mais aussi une expérience de mouillage sereine et agréable.

5. Utiliser un orin

Une aventure en Patagonie : Il y a quelques années, dans le nord sauvage de la Patagonie, j’ai vécu une expérience qui a changé ma façon de mouiller. Seule pour quelques jours avec mon jeune fils de 4 ans, je naviguais dans un paysage à couper le souffle. Un soir, épuisée mais sereine, j’ai choisi de mouiller dans ce qui ressemblait à un ancien cratère de volcan, un endroit paisible par 15 mètres de fond.

Cependant, par fatigue ou négligence, j’ai omis un détail crucial: oringuer mon ancre. Le lendemain, le cauchemar s’est révélé : l’ancre s’était coincée sous un câble reliant des bassins aquacoles à la côte. Sans vent, mais avec un enfant à bord, plonger pour libérer l’ancre n’était pas une option. Pendant une heure et demie, j’ai manœuvré, tentant désespérément de libérer mon ancre en plaçant le bateau à l’opposé du sens de mouillage, puis en reculant vivement. Finalement, l’ancre s’est libérée, et j’ai poussé un soupir de soulagement. Depuis ce jour, je n’hésite plus à utiliser un orin sur mon ancre.

photo Pinterest

L’importance de l’orin : Un orin, c’est ce bout supplémentaire attaché au diamant de l’ancre, qui peut vous sauver dans ces situations critiques. C’est comme garder un double de vos clés de maison – une assurance pour ces moments où tout semble se fermer derrière vous.

Comment l’utiliser ? Lorsque votre ancre se trouve engagée sous un obstacle, tirez sur l’orin pour orienter l’effort de dégagement vers le haut. Cela permet de libérer l’ancre plus aisément, un outil précieux pour faire face aux fonds marins imprévisibles.

Cette expérience en Patagonie m’a appris une leçon inestimable : même dans les eaux les plus tranquilles, être préparé à l’imprévu est essentiel. L’utilisation d’un orin n’est pas seulement une technique, c’est une stratégie de prudence qui peut faire toute la différence lors de vos mouillages.

6. Mouiller suffisamment de longueur de chaîne

Savoir combien de mètres de chaîne mouiller, c’est un peu l’art de trouver le juste milieu entre trop et pas assez.

La règle d’or ? En fonction du vent, mouillez 3 à 5 fois la hauteur d’eau à marée haute. Pour un catamaran, montez à 5-7 fois. 

Mais pourquoi tant de chaîne? C’est simple : plus la chaîne est longue, mieux l’ancre tient. Cela donne à l’ancre l’angle idéal pour bien mordre dans le fond marin. Et c’est aussi votre garantie contre les mauvaises surprises lors de ces nuits où Neptune décide de s’amuser un peu avec les éléments.

Et n’oubliez pas les voisins ! Gardez en tête le cercle d’évitement. Respectez l’espace de chacun pour éviter les collisions si le vent changera de direction. Pensez aussi que vous pouvez reculer un peu le temps que votre ancre s’enfouisse définitivement.

Le plus sûr dans un port fréquenté reste de mouiller au cul d’un autre bateau, ainsi vous n’emporterez pas son ancre avec la votre.

7. Ne laissez pas la chaîne s’entasser au fond de l’eau!

Navigatrice, navigateur, évitons le piège du « tas de chaîne » ! Laisser la chaîne s’entasser au fond, c’est comme laisser les cordes de son parachute s’emmêler : une mauvaise idée.

Voici la technique la plus efficace pour bien enfouir votre ancre :

  1. Dès que l’ancre touche le fond commencez à reculer doucement. Ajoutez progressivement de la chaîne, en veillant à ce qu’elle se dépose en ligne droite sur le fond.
  2. Une fois la longueur désirée déroulée, toujours en marche arrière, tirez doucement sur la chaîne au moteur. Vous voulez enfouir l’ancre solidement, pour qu’elle s’ancre fermement dans le fond.
  3. Stoppez quand le bateau cesse de reculer (prenez un repère à terre pour vous en assurer).
  4. Laissez la chaine mollir, puis remettez brièvement un coup de marche arrière à fort régime jusqu’à ce que vous sentiez le rappel de l’ancre. Si le bateau ne dérape pas vous devriez être tranquille pour la nuit.
  5. Dans le cas contraire il faut relever l’ancre et recommencer.

Ce processus assure que votre ancre est correctement positionnée et prête à résister aux caprices de la mer. 

Et voilà, les marins ! Nous voici au terme de notre aventure à travers les secrets d’un mouillage réussi.

Mais ne larguez pas les amarres tout de suite !

Le mouillage, c’est un art subtil, un peu comme faire flotter un éléphant sur un radeau 😉 : ça demande de la finesse, mais parfois, il faut aussi y mettre du muscle !

Maintenant, c’est à vous de jouer. Et si ce guide vous a été utile, pourquoi ne pas le partager avec vos compagnons de flottille ? Faites passer le mot, comme une bouteille à la mer, pour que d’autres puissent aussi profiter de ces astuces.

Bon vent, bonne mer, et que vos ancres tiennent bon ! Et n’oubliez pas, après avoir lu, de partager ce trésor d’informations… à moins que vous ne préfériez garder ces secrets pour vous et régner en maître des mouillages !


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