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Naviguer en voilier: l’importance cruciale du gilet de sauvetage


Soyons honnête, dès qu’il fait beau nous sommes nombreux à oublier plus ou moins volontairement de porter un gilet de sauvetage, souvent au motif de l’entrave ou de l’inconfort qu’il représenterait. Pourtant ces équipements n’ont plus rien à voir aujourd’hui avec les énormes blocs de mousse qui autrefois devaient assurer notre sécurité.

Dans cet article, nous aborderons l’importance de cet équipement, les différentes situations qui peuvent conduire à la noyade, et les conseils pour choisir,  utiliser et entretenir un gilet de sauvetage adapté à vos besoins.

A quoi sert un gilet de sauvetage?

Le gilet de sauvetage est un équipement de sécurité indispensable et obligatoire pour tout plaisancier. Il permet de maintenir la tête hors de l’eau en cas de chute à la mer, évitant ainsi la noyade. De plus, il contribue à améliorer la visibilité du naufragé et facilite les opérations de sauvetage.

Les situations classiques de noyade en mer

Tout le monde se souvient de la chute mortelle d’Eric Tabarly dans l’eau glaciale de la Mer d’Irlande la nuit du 12 juin 1998. Le grand navigateur ne portait pas, quasiment jamais,  de gilet de sauvetage, ni de harnais. Dur pour ses équipiers dont les chances de retrouver avant qu’il ne se noie leur skipper, dans la nuit noire, par mer agitée, s’avéraient quasiment nulles!

Plusieurs situations finalement assez classiques peuvent entraîner rapidement la noyade d’un plaisancier qui ne porterait pas de gilet de sauvetage :

  • La chute accidentelle à la mer, due à un déséquilibre, un choc, une perte de conscience ou une glissade sur le pont du bateau.
  • L’épuisement ou le mal de mer, qui peut causer une incapacité à nager ou à se maintenir à la surface. Voire le simple fait de ne pas savoir nager.
  • Les incidents impliquant des annexes, comme la chute à l’eau lors de la montée ou descente d’une annexe, ou un chavirage de celle-ci.

A partir de ces observations, nous pouvons répondre facilement à la question suivante:

Quand faut-il porter un gilet de sauvetage?

Idéalement, il faudrait tout le temps le porter en navigation et avant de monter dans votre annexe. Ou alors posez-vous cette question: si je tombe à l’eau maintenant, que se passera t-il? Et avisez selon la réponse. (Mais ne me dites pas que vous ne tomberez jamais à l’eau). Quoiqu’il en soit dès que la mer se lève, que quelqu’un a le mal de mer, ne sait pas nager, en solitaire ou en équipage réduit, et pendant les quarts de nuit, il faut vraiment mettre ce fichu gilet!

Concernant les enfants, surtout s’ils ne savent pas nager, ce sera tout le temps point. En navigation, au mouillage et au ponton. Le risque de les voir passer à l’eau à l’arrêt est si grand que je vous conseille de leur mettre plutôt des gilets en mousse et de les habituer à flotter avec dans l’eau de mer. En navigation ils pourront porter un gilet automatique, mais surtout ils devront être attachés suffisamment court pour ne pas pouvoir tomber à l’eau.

Les différents types de gilets de sauvetage

Les gilets de sauvetage traditionnels, en mousse, offrent une flottabilité constante et sont économiques. Ils conviennent pour les activités nautiques à proximité du rivage et pour les enfants au mouillage ou sur les pontons. Toutefois, ils peuvent être encombrants et moins confortables que les gilets gonflables.

Les gilets de sauvetage automatiques

comme leur nom l’indique, se gonflent automatiquement lorsqu’ils sont immergés dans l’eau. Ils sont infiniment plus confortables et moins volumineux que les gilets traditionnels.

Avantage: Si vous perdez connaissance votre gilet se gonflera et vous maintiendra la tête hors de l’eau (mais seulement si sa flottabilité est suffisante pour vous retourner…)

Inconvénient: En cas de retournement de l’embarcation, vous pouvez rester coincé sous le cockpit ou dans la cabine,  plaqué par la flottaison de votre gilet contre le fond du bateau. A bord d’un voilier de croisière cette possibilité est peu probable, sauf dans du très gros temps au large, ou à la sortie du port de Cap Breton certains jours…

Les gilets de sauvetage à gonflement manuel

Ils doivent être déclenchés par l’utilisateur pour se gonfler. Ils sont utilisés plutôt par les régatiers en eaux côtières, qui ont un risque accru de tomber à l’eau en manœuvre. S’ils le peuvent, ils éviteront de gonfler leur gilet pour garder la possibilité de nager vers le bateau et remonter plus rapidement à bord.

Quelques conseils pour bien choisir et utiliser son gilet de sauvetage

Lorsqu’il s’agit de choisir un gilet de sauvetage, plusieurs caractéristiques sont à prendre en compte :

La flottabilité en newtons

Elle doit être adaptée à votre poids et à votre pratique de la voile. Les gilets de sauvetage pour adultes sont généralement disponibles avec une flottabilité de 100 à 275 newtons.

Un adulte équipé légèrement peut se contenter d’un gilet de 150 newtons, mais dès que vous portez un ciré et des bottes il ne pourra plus vous retourner sur le dos. Il vous faudra opter alors pour une flottabilité minimum de 180 newtons.

Si vous naviguez au large ou dans des eaux froides (qui supposent un équipement plus lourd), un gilet de 275 newtons sera plus indiqué pour vous maintenir la tête hors de l’eau.

Le confort

Un gilet de sauvetage doit être confortable pour être porté en permanence. Les gilets automatiques offrent un confort optimal grâce à leur légèreté et leur faible encombrement. Voici quelques éléments qui influencent le confort d’un gilet de sauvetage automatique:

  • La coupe du gilet, qui doit permettre une liberté de mouvement.
  • Le système de fermeture à clips ou par emboitement.
  • Un col doublé pour éviter les irritations au niveau du cou.

Les accessoires du gilet de sauvetage

Certains accessoires sont essentiels pour assurer la sécurité du plaisancier. Parmi eux, le harnais intégré est particulièrement important pour les navigateurs solitaires, les manœuvres sur le pont et les quarts de nuit.

Privilégiez également les modèles équipés d’une sangle sous-cutale, car elle évite au gilet gonflé de remonter au-dessus de la tête.

Ensuite s’ils ne sont pas déjà intégré au gilet vous pouvez y ajouter:

  • une lampe flash
  • une longe de harnais
  • une balise individuelle ais
  • une capuche anti-embruns

L’entretien et la vérification du gilet de sauvetage

Un gilet de sauvetage doit être régulièrement vérifié et entretenu pour assurer son bon fonctionnement. Mais pas seulement: si votre gilet est tâché et sent le renfermé vous aurez naturellement moins envie de l’enfiler. Par ailleurs la durée de vie d’un gilet de sauvetage est généralement estimée à 10 ans. Au delà sa solidité et son étanchéité n’est plus assurée.

révision du gilet
  • Procédez à une vérification complète du système de gonflage chaque année (ou faites réviser vos gilets de sauvetage par un professionnel).
  • Stockez les à l’abri de l’humidité
  • Rincez les régulièrement pour éviter qu’ils ne moisissent rapidement
  • Prévoyez en plus une bouteille de CO2 ou un kit de réarmement (Hanmar) de rechange au cas où…

Prendre l’habitude de le porter et de le faire porter par le reste de l’équipage

En fait vous pouvez avoir de beaux gilets tout neufs à bord, mais si personne ne les porte ça n’a pas grand intérêt.

Une étude de la SNSM  montrait en 2014 que les raisons pour lesquelles les plaisanciers justifiaient de ne pas porter de gilet étaient les suivantes (je cite):

  • L’in­con­fort : 48 %
  • L’ha­bi­tude : 42 %
  • N’en voient pas l’uti­lité : 37 %
  • Parce qu’ils rendent moins perfor­mants (22 %)
  • Parce qu’ils sont lourds (17 %)
  • Parce que ce n’est pas esthé­tique (11 %)
  • Parce qu’ils sont trop chers (9 %)

Donc…vous voyez l’importance de bien choisir votre équipement. Le confort est primordial, et pas seulement pour vous si vous avez un bateau, mais aussi pour votre équipage.

L’idéal serait que vous ayez votre gilet de sauvetage personnel, à emporter avec vous sur le bateau des autres (même si vous prenez l’avion, c’est permis depuis 2018). Comme ça vous serez sûr de son confort et qu’il est à jour..

Ensuite, une habitude, ça se prend… D’autant mieux si vous vous astreignez à un petit rituel de sécurité avant chaque sortie, par exemple en vous aidant d’une check-list.

Vous pouvez aussi fermer les yeux (lisez d’abord toute la phrase): imaginez-vous prêt à larguer les amarres et répétez 10 fois: “Quelle que soit la météo, je mets mon gilet de sauvetage avant de larguer les amarres”. Vous allez voir, ça va rentrer 😉

Quant à vos équipiers, si vous avez du mal à leur imposer de porter leur gilet en permanence, je vous donne quelques arguments dans cet article sur la sécurité.

Maintenant vous n’avez plus d’excuses pour ne pas porter de gilet de sauvetage.

Pour vous motiver je vous propose ce plan d’action  à mettre en œuvre le plus vite possible:

  1. Si ce n’est déjà fait choisissez avec soin votre gilet personnel, et ne soyez pas radin, c’est votre survie qui est en jeu.
  2. Entretenez le avec amour pour qu’il soit beau et qu’il sente bon 🙂
  3. Vérifiez son fonctionnement, et respectez les dates de péremption.
  4. Portez-le même par beau temps, dès votre prochaine sortie
  5. Le cas échéant faites de même pour les gilets destinés à vos équipiers.

Bonnes navigations!


16 Comments

  • J-Marc TASSIN

    En fait pour les gros et inconfortables gilets de sauvetage j’avais lu une remarque qui me paraissait pertinente. En cas d’abandon du navire ces derniers ne se dégonflent pas dans le temps, ce qui n’est pas certain pour les « automatiques », après chacun choisi.

  • Eric de SEZE

    Bonjour Katell,

    La sangle sous-cutale est INDISPENSABLE, sinon le gilet remonte le long de la tête, bien au-delà des oreilles au risque de sortir et vous voir perdre votre gilet qui se désenfilerait en quelque sorte par le haut (le comble). On se bat alors pour le faire redescendre, sans plus pouvoir rien faire d’autre comme déclencher un feu à main ou une balise, prendre son sifflet (lorsque le gilet en est pourvu), agiter une lampe flash, etc… qui vous permettent de devenir acteur de votre situation, pas seulement spectateur passif attendant les secours sans rien faire pour améliorer votre sort.

    Je vous parle en tant qu’expérience vécue, m’étant jeté à l’eau délibérément pour tester moi-même le comportement de l’ensemble, et là, surprises :

    – Le gilet met 2 à 3 secondes pour se gonfler ; c’est normal, mais quand on ne le sait pas, on attendrait qu’il se gonfle tout de suite ou en tous les cas plus vite ! Ne pas négliger l’effet de stress de la situation. Donc patience, ça vient.

    – Le gilet remonte tout de suite vers le haut de la tête, d’où l’importance d’avoir une sous-cutale, qui plus est BIEN REGLEE en longueur, car espérer en régler la longueur une fois dans l’eau est impossible; c’est trop tard et on se retrouve dans la situation évoquée au 1er paragraphe: bras et mains occupés à se battre contre une flottabilité mal positionnée.

    – Une fois le gilet gonflé automatiquement, surtout ne pas s’amuser avec le déclenchement manuel en le tirant comme si on voulait gonfler soi-même le gilet (pas la peine car il y aurait de toutes les façons double emploi); en effet, on prend le risque de détacher/décoller l’anneau de fixation du dispositif du tissu du harnais par lequel l’eau se met alors à rentrer, remplaçant l’air et on coule gentiment faute d’air (ça m’est arrivé ! J’ai voulu tout essayer 🙂 ). Aucune chance ensuite de réparer ce point névralgique du gilet qu’il faut changer entièrement – dommage.

    – Savoir que le gonfleur à bouche latéral marche très bien, si besoin; il est très efficace.

    – Préférer les dispositifs de gonflage automatique qui se déclenchent au contact de l’eau, pas de l’humidité qui se déclenchent certes plus vite, mais qui peuvent aussi se déclencher de façon inopinée, dans une armoire à cirés bien mouillés par exemple (cela m’est aussi arrivé ! Là, par contre, je n’ai pas cherché à le faire pour voir 🙁 ).

    Puissent ainsi ces quelques lignes de retour d’expérience être utiles à tous. Anticiper, c’est déjà réduire le stress par deux ! Bonne navigation

    Cordialement
    Eric

  • Degrave

    Hello Katell,
    Moi je l’utilise quasi systématiquement sur mon voilier mais pas sur l’annexe.
    Je pense avoir tort. D’ailleurs, n’appelle-t-on pas parfois l’annexe une « tubellemer » 🙂 ?
    À propos de la vidéo sur le gilet de sauvetage réalisé avec un pantalon. Celui-ci est extraordinaire.
    Bravo pour le site
    Frédéric

    • Katell

      Oui Frederic, l’annexe est une source d’accidents très fréquents, d’autant plus que c’est précisément là qu’on ne pense le moins à porter de gilet de sauvetage.

  • Andre GASC

    Bonjour
    Je porte toujours mon gilet en solitaire . En équipage non sauf au delà de 20 Nds de vent.
    Mon problème c’est que mes 2 lignes de vie sont le long des passavants ( comme tout le monde) et si je tombe au dessus des filières je serai trainé dans l’eau à cause de la longueur de la longe…Je vais tester des bouts de ligne vers le milieu du bateau…
    Merci pour ce moment de réflexion et d’échange
    Bonne journée

  • Olivier

    En croisière en équipage je prévois toujours un gilet automatique supplémentaire au cas où. Il m’est arrivé qu’un équipier doive descendre dans l’eau pour couper un orin, son gilet a déclenché, il s’est donc retrouvé privé de gilet pour le reste de la croisière, enfin pas tout à fait car j’ai aussi 2 gilets simples en plus mais que c’est inconfortable !

  • Georges Smoos

    gilet et sangle toujours à portée de main même par beau temps, pour tous ! à enfiler dès que l’on quitte le cokpit et de toute façon obligatoire dès 15 nds. bon, peut faire mieux …

  • VOGEL

    Sur le BDA (Bateau Des Autres), j’apporte mon propre gilet de sauvetage autogonflable Plastimo s’il n’y en a pas pour moi à bord. Le week-end dernier, lors d’un entraînement FFV avec beaucoup de vent où je prends pas mal de paquets de mer, mon gilet se déclenche tout d’un coup… en vue de mon acquisition de bateau, je vais garder ce gilet moins cher pour les personnes qui restent plutôt dans le cockpit et m’en procurer un autre où je suis sûre qu’il ne se déclenche que lors d’une immersion et avec une sous-cutale.

    Généralement, je mets mon gilet en appliquant les règles recommandées par l’école des Glénans, c’est-à-dire si
    1) il fait nuit
    2) on est sous spi
    3) on est en équipage réduit dans des conditions un peu musclées
    4) je suis en stage de voile
    5) le chef de bord me le demande

    Une fois en stage Glénans à partir de la base de Paimpol dans le Raz Blanchard avec une grande vitesse de surface grâce au courant et au portant, le moniteur des Glénans était le seul sans gilet à bord. Je me suis dit qu’il ne fallait pas qu’il tombe à l’eau car on n’aurait jamais pu aller le récupérer au moteur en sens contraire du courant … Donc pour moi, il faut toujours mettre le gilet quand cela peut être compliqué de récupérer l’homme à la mer.

    En effectuant des recherches internet, je suis tombée sur le dispositif https://certec-nautisme.fr/commander-en-ligne/homme-a-la-mer-et-bouees-couronnes/syst%C3%A8me-de-rep%C3%AAchage-dhomme-%C3%A0-la-mer-les-gl%C3%A9nans-mob-lrb-detail.html, cela peut être utile.

    • Katell

      Effectivement un gilet qui se gonfle sous les embruns n’est pas très utile… les systèmes Hammar qui de gonflent avec la pression de l’eau sont plus sûrs dans ce cas. Ou bien un gilet manuel, avec l’inconvénient qu’en cas de malaise provoquant la chute ou consécutif à la chute la noyade est quasi certaine.

  • Olivier

    Le courant n’a rien à voir à l’affaire ! puisque le bateau et l’homme à la mer se déplacent sur le même tapis d’eau, donc la vitese sur le fond n’influence en rien la manoeuvre, par contre le vent OUI ! Dès que les manoeuvres deviennent plus compliquées, oui le gilet est « obligatoire ».

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