De Brest à Ouessant en automne: du près, du spi, un bonnet et du gaz.
Nous voici à notre 7e idée de week-end de croisière en Bretagne. Les semaines passées je me suis demandée si je ne devais pas changer de bassin de navigation tant les dépressions se succédaient. Grâce à l’abri de la rade, il m’a quand même été possible de vous faire quelques propositions mêlant manœuvres de gros temps et belles remontées de rivières.
Cette fois-ci il va faire beau! N’exagérons rien, je veux dire par là que le vent sera modéré à faible et surtout qu’il ne pleuvra presque pas! Les températures seront clémentes, aux alentours de 10° à l’abri du vent en cette mi-novembre.
Mais voilà, nous ne resterons pas à l’abri du vent, préparez donc votre bonnet et vos gants!
Je vous propose de naviguer de Brest à Ouessant ce week-end car c’est l’itinéraire qui répond le mieux à notre cahier des charges: profiter au mieux des vents et des courants, sans nous mettre en danger bien sûr.
J’ai pris les données de vent à Brest et à Ouessant pour voir s’il y a avait des différences significatives entre les deux endroits.
Nous voyons qu’à Ouessant il y a 5 nœuds de vent de plus que dans la rade. Le vent de nord est probablement ralenti par le relief continental, alors que l’île est logiquement plus exposée. Notons également que la hauteur des vagues n’est pas une donnée pertinente dans la rade pour Windguru, qui ne l’affiche pas à la différence de Windy dont l’algorithme ne sait pas tenir compte des configurations de côte à ce niveau de détail.
Ci-dessus nous constatons que nous pouvons sortir de la rade jusqu’à 13h20, heure de la basse mer.
Samedi et dimanche le vent reste dans le même secteur. Si nous ne voulons pas tirer de bords, le plus logique serait de chercher une destination à peu près travers à l’aller et travers au retour. Donc nous devrions naviguer vers l’ouest du plan d’eau. La configuration est idéale pour nous rendre à Ouessant, à 36 milles nautiques du port du Moulin Blanc.
La route ne présente pas de difficultés particulières, à l’aller nous serons au travers jusqu’aux pierres noires, puis au près bon plein jusqu’au phare de la Jument. Nous mouillerons au fond de la baie de Lampaul, à moins qu’il ne reste une bouée de corps mort à flot, cas peu probable en cette saison. Au retour le spi sera de sortie jusqu’à la Basse Royale et les derniers milles se poursuivront au bon plein… ou au moteur car le vent sera relativement faible dans la rade dimanche.
Quelques conseils pour que cette sortie soit la plus agréable possible.
1. Comment s’habiller pour naviguer par temps froid?
Certes la météo nous annonce 10° l’après-midi, ce n’est pas si froid. Mais le vent du nord peut-être glacial. En réalité tous les vents refroidissent les corps. Ainsi par 10° avec un vent de 15 noeuds, la température ressentie est d’environ 7°.
Pour information je vous copie ici un extrait du tableau de calcul de l’indice de refroidissement éolien fourni par wikipedia.
Il est tout à fait possible de naviguer par des températures basses, voire très basse, mais cela demande un minimum d’équipement. Le bonnet, ou les capuches superposées, sont indispensables car c’est par la tête que vous perdrez le plus de chaleur. Classiquement tous les magasins de sport vous conseilleront de superposer 3 couches. Personnellement j’en emporte 4, voire 5, quitte à ne pas tout porter.
- 1 ou 2 sous-vêtements respirants à manche longue + caleçon long respirant ou collant chaud.
- 1 polaire épaisse + 1 polaire fine (en option, si le vent est vraiment froid)
- salopette + veste de quart
- bonnet + gants fermés en néoprène
- chaussettes épaisses + bottes
2. Entraînez-vous à barrer au près, n’utilisez pas le pilote
Le second conseil concerne le bord de près depuis les Pierres Noires jusqu’à la Jument.
C’est une allure exigeante, qui peut vous gâcher une traversée quand vous ne savez pas régler correctement votre bateau. là aussi je peux vous proposer une check-list de réglage, en attendant un article plus approfondi sur la question:
- Portez la toile du temps: votre bateau doit être un peu ardent (c’est à dire qu’il a tendance à lofer, à remonter vers le lit du vent), mais pas trop non plus. Si vous devez pomper sur la barre pour garder le cap, c’est que vous êtes trop toilés. Idem si la barre doit garder un angle de 45° pour que vous ayez la sensation d’aller droit. Idem si votre bateau gîte tellement que vous avez l’impression qu’il va se retourner.
- portez la toile du temps: votre bateau doit être suffisamment toilé. Il est normal de giter au près… jusqu’à ce que vous ayez peur 🙂 Je sais c’est là que ça se corse. Tant qu’il n’est pas un peu ardent, c’est généralement que votre bateau n’est pas assez toilé. A moins que les voiles ne soient pas bordées.
- Etarquez les drisses à fond (sauf dans le petit temps). Placez vos chariots de génois de sorte à aplatir la voile (en gros l’écoute bordée se trouve dans le prolongement de la bissectrice de l’angle du point d’écoute). Bordez à plat la grand-voile et le génois.
- Barrez aux penons. Les penons sont de petits brins de laine ou des rubans de couleur disposés par deux sur les deux faces des voiles. Au près ils doivent tous être horizontaux.
3. Un truc pour vous réchauffer au mouillage
Soit vous avez un chauffage à bord, soit vous n’en avez pas. Dans le second cas vous pouvez prévoir de cuire un plat au four pour le dîner. Et si vous n’avez pas de four, ou en complément, vous pouvez placer un pot de fleur en terre cuite à l’envers au-dessus d’un feu (allumé) de la gazinière. Il absorbera l’humidité dégagée par la combustion du gaz tout en diffusant une chaleur douce dans le carré. Évidemment, il faut prévoir d’emporter du gaz.
Sans être trop bricoleurs vous pouvez tester une autre version plus travaillée de ce chauffage, avec feuille d’alu et bougies chauffe-plat:
Bonne navigation!