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Assurance bateau : le guide complet du plaisancier (et les pièges à éviter)


« Tous risques… sauf le risque d’une assurance qui n’assure pas ! »
Voilà la réponse d’un skipper sur le forum HEO.

Il a bien raison: le montant de votre prime d’assurance ne garantit pas le sérieux de votre assureur.
D’ailleurs quand vous signez le chèque, vous avez peut-être l’impression de jouer au loto. Sauf que là, votre but est de perdre le moins possible d’argent…

Et pourtant, j’ai aussi entendu des skippers satisfaits, qui ont été parfaitement accompagnés lors d’avaries ou d’accidents. La différence ? Ils avaient pris le temps de comprendre leur contrat et de choisir le bon interlocuteur.


Car nous n’aimons pas penser au pire.


Pour beaucoup de navigateurs, l’assurance n’est qu’une contrainte administrative de plus. Alors on appelle l’assureur qui couvre la maison, pour qu’il rajoute une ligne à la facture. Et le tour est joué, on peut passer à autre chose. Naviguer par exemple 🙂


Mais réveillez-vous.


Votre sécurité financière est en jeu.


Le CROSS assurera le sauvetage des personnes.
Pour le reste – les dégâts sur votre bateau ou celui des autres, les frais de retirement d’une épave, la pollution accidentelle – c’est à vous d’assumer.
Et croyez-moi, la facture peut vous faire perdre le sommeil.


Pour nous aider à faire les bons choix, j’ai invité des élèves de mes formations à discuter avec une équipe de courtiers spécialisés dans l’assurance plaisance.


Une discussion franche, sans ménagement, qui nous a permis de comprendre les points essentiels à vérifier et les pièges à éviter.
Je vous en rapporte ici les informations essentielles.


De quoi nous permettre de naviguer réellement l’esprit tranquille.

L’assurance, pas obligatoire pour naviguer?

Alors, dans les faits, c’est plus compliqué que ça.


D’abord parce que même si en France la loi ne l’impose pas, votre port ou votre zone de mouillage l’exigera sûrement.


En effet, la plupart des capitaineries demandent au minimum une responsabilité civile (RC) pour couvrir les dommages que vous pourriez causer aux autres. Sans cette attestation, vous risquez tout simplement de vous voir refuser l’accès au port.


Ensuite parce qu’il suffit de traverser la frontière pour que les règles changent.


En Italie, Grèce ou Espagne par exemple, l’assurance devient une obligation légale.


Et pas n’importe laquelle : il vous faudra une RC avec un plafond minimum de 3 millions d’euros, plus une garantie pollution de 500 000 euros.
Sans ces garanties spécifiques, vous vous exposez à des sanctions pénales. Un détail qui peut gâcher vos vacances en Méditerranée…

une assurance responsabilité civile est nécessaire pour naviguer en Grèce


Et puis, imaginez (je sais, c’est désagréable): votre bateau coule dans le chenal.
Les autorités portuaires vous mettront en demeure de le renflouer, à vos frais. La facture peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. Sans parler des dommages que vous pourriez causer à d’autres navires ou aux installations portuaires…


Donc, pas vraiment le choix, il vous faut au minimum une Responsabilité Civile.


La bonne nouvelle c’est qu’à moins que vous ne soyez un danger public, elle ne vous coûtera pas bien cher.
Par contre si vous voulez assurer aussi votre bateau, la facture peut grimper sérieusement.

C’est là qu’il faut commencer à réfléchir


Car entre la simple RC et l’assurance tous risques, il existe de nombreuses options. Le choix dépendra de votre pratique, de votre zone de navigation, et bien sûr de votre budget.


Mais avant d’entrer dans ces détails, essayons de comprendre comment fonctionne le marché de l’assurance plaisance…


Courtier ou agent d’assurance : un choix qui peut faire toute la différence

Avant même de parler des garanties, il y a une question essentielle à se poser : à qui allez-vous confier votre assurance ?


D’un côté, vous avez les agents généraux d’assurance.

Ils représentent une seule compagnie et ne peuvent vous proposer que ses produits. C’est un peu comme si vous alliez acheter une voiture chez un concessionnaire : il ne vendra que sa marque, même si ce n’est pas forcément le meilleur choix pour vous.


De l’autre, les courtiers.
Leur particularité ? Ils travaillent avec plusieurs compagnies et comparent leurs offres pour vous. Mieux encore : contrairement à l’agent qui représente sa compagnie, le courtier représente VOS intérêts.


Est-ce que ça change vraiment quelque chose ?


Imaginez (oui, encore) que vous ayez un sinistre.
Avec un agent, vous devrez négocier directement avec la compagnie d’assurance. Seul face à leur armée d’experts… Tandis qu’avec un courtier, vous aurez quelqu’un pour défendre votre dossier, quelqu’un qui connaît les rouages du système et parle le même langage que les assureurs.


Plus important encore pour nous plaisanciers : un bon courtier spécialisé connaît le monde de la plaisance. Il comprend vos besoins, sait poser les bonnes questions, et surtout, il saura vous orienter vers le contrat le plus adapté à votre pratique.


Est-ce que ça coûte plus cher?


Eh bien non ! Le courtier est rémunéré par une commission sur le contrat, exactement comme l’agent. Pour vous, le prix sera le même. La seule différence, c’est le service et l’accompagnement.


Faut-il choisir un courtier près de chez soi?


Absolument pas.

Ce qui compte vraiment, c’est d’avoir quelqu’un qui comprend bien les besoins spécifiques des plaisanciers, plus qu’un assureur à qui on peut rendre visite physiquement.

Des échanges fluides par téléphone ou en visio permettront d’ailleurs de vérifier s’il sera facile de communiquer à distance le jour où vous aurez besoin d’eux.

Maintenant que nous avons choisi notre interlocuteur, voyons comment sont calculées les primes d’assurance…


Comment sont calculées nos primes d’assurances?

« Comment ça, on me propose du simple au triple pour la même couverture ? »


À première vue, le calcul des primes d’assurance ressemble à un grand mystère. Mais il y a une logique derrière tout ça.


D’abord, un constat : le minimum est rarement en dessous de 100€, même pour une simple RC. C’est le ticket d’entrée en quelque sorte. Au-delà, chaque compagnie a sa propre façon de calculer les tarifs, et c’est là que ça devient intéressant.


Mais comment expliquer de tels écarts ?


Les compagnies emploient des actuaires, ces spécialistes des statistiques qui analysent les résultats de l’année précédente. Ils étudient le nombre de sinistres par type de bateau, par zone de navigation…
Une compagnie qui aura subi beaucoup de dégâts sur une zone ou un type de navire augmentera logiquement ses tarifs, voire refusera simplement d’assurer ce risque.


C’est comme ça qu’on se retrouve avec des « appétits » différents selon les assureurs. L’un préférera certains types de bateaux, l’autre sera plus à l’aise avec certaines zones de navigation. Tout dépend de leur expérience et de leurs résultats.


Et comment faire le bon choix dans tout ça ?


C’est là que le courtier prend tout son sens. En travaillant avec plusieurs compagnies, il peut comparer les offres et vous orienter vers celle qui correspond le mieux à votre situation. Un peu comme un traducteur qui vous aide à décrypter ce monde complexe de l’assurance.


D’accord, mais comment être sûr d’être bien couvert ?


Excellente question. Car au-delà du prix, ce sont bien les garanties qui comptent. Et c’est là que les choses se corsent…


Quelles garanties choisir ?

« Moi, je suis assuré tous risques ! »


C’est la phrase magique qui vous donne l’impression d’être bien protégé… Sauf qu’un contrat tous risques ne couvre pas forcément tout. Comme pour un filet de pêche, tout dépend de la taille des mailles!


Commençons par le minimum vital : la responsabilité civile, ou « RC ». Elle couvre les dommages que vous pourriez causer aux autres. Indispensable pour avoir une place au port.


Mais attention : vérifiez bien les plafonds si vous naviguez en Méditerranée. Je vous rappelle que l’Italie, la Grèce et l’Espagne exigent une RC d’au moins 3 millions d’euros, plus une garantie pollution de 500 000 euros.
Sans ces montants spécifiques, vous risquez des ennuis.


Assurer son bateau pour la location

Là encore, prévoyez le coup. Côté propriétaire, la location doit être explicitement prévue dans votre contrat. En général, les assureurs autorisent une trentaine de jours par an.


Racheter la franchise quand est locataire d’un bateau


Côté locataire, des assurances spécifiques existent.
Par exemple le contrat Force 9 de nos courtiers qui propose un rachat de franchise et même une assurance annulation pour tout l’équipage, jusqu’à 5000€ par personne.
Un bon moyen de partir l’esprit tranquille, sans risquer de perdre toute sa caution en cas de pépin.


Assurer son bateau pour la co-navigation


Attention, sujet sensible ! Le partage des frais de bord est légal, accepté par les assurances.

Mais dès que vous demandez une participation à l’entretien du bateau, vous risquez d’être requalifié en activité commerciale et de perdre toute garantie de votre assureur.


Assurer une navigation en solitaire


Vous naviguez en solo ? Dites-le explicitement à votre assureur car certaines compagnies l’interdisent, d’autres l’acceptent avec des restrictions.
Par exemple aux Antilles, les atterrissages de nuit en solitaire sont souvent exclus à cause des filets de pêche. (Au fait si vous voulez naviguer de nuit, j‘ai rédigé un tuto ici)

Assurer un voilier ancien


Vous avez un vieux gréement ou un bateau de plus de 40 ans ? Ne désespérez pas. Certains assureurs refuseront net, d’autres exigeront une expertise récente à terre.
D’autres encore se contenteront d’un rapport photo.

Bref, c’est du cas par cas, mais des solutions existent et là encore le plus efficace est sans doute de passer par un courtier qui fera les recherches pour vous.


Assurer un voilier sous pavillon étranger


Avec l’évolution des accords entre compagnies, il est possible d’assurer des bateaux sous pavillon étranger, à condition qu’il y ait un minimum d’intérêt européen.

C’est-à-dire qu’il vous faut soit un pavillon européen, soit un port d’attache européen, soit une résidence européenne.


Naviguer aux Etats-Unis


Vous envisagez un périple aux USA ? Préparez-vous à galérer.
C’est un cas particulier redouté des assureurs européens car la responsabilité civile n’y est pas plafonnée. Résultat : les primes s’envolent, quand les assureurs ne refusent pas tout simplement de vous couvrir.

Une navigatrice nous a raconté avoir dû changer d’assurance pour six mois, juste pour traverser les eaux américaines.


Naviguer dans le Grand Nord


Au-delà de 60° Nord, les choses se compliquent aussi.
Les assureurs considèrent ces zones comme très risquées, non pas tant à cause du nombre de sinistres, mais parce qu’il y a peu de bateaux assurés. Un seul sinistre peut donc déséquilibrer leurs statistiques.

Résultat : soit ils refusent de vous couvrir, soit ils augmentent significativement les primes.


Mais le plus important reste peut-être la gestion des sinistres. Car c’est là qu’on découvre vraiment la qualité de son assurance…

La gestion des sinistres : le moment de vérité

Dans une vie de marin, ça finit toujours par arriver. Comme à un conducteur de voiture. Du petit accrochage bénin à la perte totale, l’éventail des situations est assez large.
Il y a quelques décennies j’ai du faire appel à la SNSM pour me dégager d’un filet. L’assurance a pris en charge l’intervention, mais elle n’a pas voulu nous suivre quand nous sommes partis ensuite autour du monde. Y avait-il un rapport?


En tout cas c’est bien au moment du pépin qu’on découvre la vraie valeur de son contrat. Et là, vous vous remercierez d’avoir choisi le bon interlocuteur.


Entretenez une bonne relation avec votre assureur


Si vous avez pris les services d’un courtier, vous gardez un seul point de contact.
C’est lui qui gère les relations avec la compagnie d’assurance. Il connaît les rouages du système, les bons interlocuteurs, et surtout : il est de votre côté.


Enfin, il reste un être humain.
Donc si vous voulez être bien défendu, faites en sorte d’avoir une bonne relation avec lui, ou elle. Ce devrait être facile avec un courtier spécialisé dans la plaisance: en principe vous avez une passion commune!
À l’inverse, en passant directement par la compagnie, vous serez un inconnu parmi d’autres dossiers.

Mais vous allez voir que même une bonne relation ne suffit pas.

N’abusez pas des garanties offertes

D’après nos courtiers, certains plaisanciers déclarent des sinistres pour des bricoles, des pare-battages envolés, des bouts perdus… « Ça passe une fois, deux fois, mais au bout d’un moment, l’assurance les repère et ça peut leur jouer des tours. »

Trop solliciter son assurance pour des petits montants, c’est risquer d’être perçu comme un client à problèmes et, à terme, de voir son contrat résilié ou ses primes augmenter.

Tenez à jour le carnet d’entretien du bateau


Photos, factures, interventions… Documentez tout !
En cas de sinistre, c’est ce qui permettra de justifier l’état de votre bateau et sa valeur.


Établissez un constat d’accident


Si vous avez un accrochage avec un autre navire, faites immédiatement des photos et établissez un constat – exactement comme en voiture.
Ne laissez surtout pas l’autre partir sans avoir ses coordonnées et celles de son assurance, même s’il est « 100% responsable » de l’accident. La suite pourrait être plus compliquée que prévu…


Soyez présent lors de l’expertise


C’est tout de suite un point en moins si vous n’êtes pas là. Au pire faites vous représenter.

Surtout, restez courtois, même si vous n’êtes pas d’accord avec les conclusions.

Dans ce contexte bien particulier, les experts sont les sachants, alors quelques soient vos compétences respectez la règle du jeu.
Nos courtiers nous ont rapporté des expertises qui ont mal tourné à cause de mots plus hauts que les autres… Résultat ? Un dossier bien plus difficile à défendre.


Si un désaccord persiste, il existe des recours :


D’abord la réclamation auprès de la compagnie, puis la médiation, et seulement en dernier recours le contentieux judiciaire.
Mais souvent, une approche constructive permet d’arriver à un arrangement, voire à un geste commercial.


Avant de hisser la grand-voile, lisez les petites lignes !


Je fais partie de ces plaisanciers qui préfèrent penser à leurs prochaines navigations plutôt qu’à la paperasse. Et je me doute que vous aussi. L’assurance, ce n’est clairement pas notre sujet favori !


Mais je reste pragmatique. J’archive mes factures d’entretien et de matériel, je filme mon bateau (bon j’avoue, c’est surtout pour Youtube, mais au moins j’ai des preuves…).


Ce à quoi je ne pense pas forcément, c’est à vérifier les clauses de mon contrat. Par exemple cet été je vais naviguer en solitaire dans les Hébrides. Jusqu’à quel point suis je couverte?


A mon avis, le plus efficace serait d’intégrer ce paramètre systématiquement au début de la préparation de nos croisières. Dès que vous commencez à planifier votre route.


En tout cas, suffisamment tôt pour ne pas devoir signer n’importe quel contrat trouvé à l’arrache sur Internet.


Alors si cette lecture vous a donné envie de revoir votre contrat d’assurance, n’hésitez pas à solliciter un courtier spécialisé. Quelques heures investies maintenant peuvent vous éviter bien des soucis plus tard.


Merci encore à Ouest Assurances Plaisance qui nous a accordé ce long échange passionnant (je mettrai la vidéo dans la Table à carte), si vous souhaitez obtenir un devis, un renseignement, n’hésitez pas à les contacter de ma part.


Ils sont à Saint-Malo, mais rappelez-vous que leur localisation n’a aucune importance. Nous avons d’abord besoin d’un assureur qui comprenne nos besoins spécifiques, et qui sache communiquer clairement à distance.
Particulièrement quand nous avons un souci loin de notre port d’attache.


Bonnes navigations!

Katell


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