entretenir son moteur de voilier
Apprendre à naviguer,  Choisir et équiper son voilier

Comment apprendre à entretenir le moteur de son voilier?


Voilà deux samedi que je consacre à entretenir le moteur diesel du voilier d’un bon ami. Je n’avais pas fait de mécanique depuis des années, et je ne connaissais pas spécialement ce moteur là, alors comment ai-je fait?

En réalité une fois que vous savez prendre soin d’un moteur marin, vous pouvez exporter vos connaissances sur bien d’autres modèles de puissance similaire. Ici il s’agit d’un moteur Diesel, mais cela vaut aussi pour les moteurs hors-bord. Les principes de fonctionnement n’ont pas changé depuis des décennies. Les organes des moteurs sont toujours les mêmes, les différents circuits qui les alimentent aussi dans leur principe: électricité, eau, huile, carburant, liquide de refroidissement, air.

Seulement je n’ai pas toujours eu ces connaissances ni ce savoir-faire. Alors par où commencer quand on n’y connaît rien en mécanique?

1.Quand j’ai commencé à naviguer j’avais peur du moteur!

J’avais 19 ans quand j’ai commencé à skipper le Brise de Mer 28 que ma mère avait acheté. J’avais un bac scientifique en poche, ce qui signifiait très concrètement que je ne savais rien faire! A part peut-être les cours d’électricité, je crois que rien de ce que j’avais appris à l’école ne pouvait m’aider à préparer ce voilier. Heureusement que j’ai toujours aimé bricoler 🙂

Ce petit voilier était équipé d’un moteur Renault Couach, de type RC8D. Ce qui veut dire qu’il avait une puissance de 8 chevaux, c’était un tout petit moteur finalement. Il était assez sympa parce qu’il pouvait démarrer à la ficelle en cas de panne de électrique.

entretenir un moteur de voilier

Dès le début j’ai su que même si j’en avais un peu peur, je devrais faire ami-ami avec lui. Ma petite expérience de stagiaire en école de croisière me l’avait bien appris.

A bord d’un bateau de croisière, même quand les voiles sont le principal moyen de propulsion, le moteur sert souvent

  • par calme plat,
  • dans les ports,
  • dans les rivières,
  • quand on veut accélérer le pas parce que la marée n’attend pas,
  • pour recharger les batteries,
  • pour alimenter le guindeau

Or la loi de Murphy veut que s’il tombe en panne, c’est plutôt dans des situations limites. Du style quand vous entrez à Zumaïa avec de la houle au cul. Vraiment ce n’est pas le moment!

 

Pour éviter ces désagréments il faut entretenir régulièrement le moteur de votre voilier. Impossible de l’ignorer, sinon je vous promets qu’il ne manquera pas de vous rappeler son existence.

Sauf que moi, non seulement je n’y connaissais rien en mécanique, mais en plus j’étais impressionnée par le bruit et les vibrations du moteur en fonctionnement. Déjà j’osais à peine le regarder tourner. Toutes ces poulies, ces courroies, ces odeurs d’hydrocarbures, me repoussaient totalement. Je vous ai déjà écrit quelque part qu’à mes débuts j’avais pas mal d’angoisse à l’idée de prendre la mer. Et bien pour m’approcher du moteur je n’étais pas beaucoup plus à l’aise.

Alors je me suis forcée. J’ai démarré le moteur et je suis descendue dans la cabine. J’ai ouvert le compartiment moteur et je me suis forcée à le regarder tourner. Au bout de quelques minutes, avant qu’il ne soit trop chaud, je me suis obligée à poser une main sur le cache-culbuteur. Et à la laisser là plusieurs secondes, malgré le bruit, les vibrations et le mouvement des courroies.

Ensuite j’ai ouvert la notice d’utilisation et j’ai fait l’effort d’apprendre à en reconnaître tous les organes: pompe à gas-oil, pompe à injection, pompe à eau de mer, alternateur, démarreur, collecteur d’échappement etc.

2. Ma première vidange

Je ne sais pas pourquoi, quand on se décide à entretenir soi-même son moteur, la première fois, on commence toujours par la vidange d’huile. C’est vrai pour vous aussi?

A l’époque il n’y avait pas d’Internet (je sais, c’est la phrase-type qui caractérise tous les gens nés avant 1990).

Donc j’ai demandé à un copain de me montrer comment faire. On a acheté de l’huile, un filtre correspondant au RC8D et une petite pompe manuelle de vidange. Comme c’était le première fois, j’en ai mis un peu partout, mais j’étais quand même très fière. A tel point que je m’en suis vantée auprès d’un voisin de ponton qui était mécanicien à l’arsenal de Brest. Et là il m’a demandé: « Et l’inverseur? tu l’as vidangé aussi? »

Le lendemain j’ai vidangé l’inverseur. Puis quand j’ai embrayé le moteur, il s’est mis à faire des bruits étranges. Normal: j’avais mis trop d’huile. Pas grave, je l’ai re-vidangé.

Par contre j’ai mis au moins deux ans avant de toucher au circuit de gas-oil. J’avais peur de créer des prises d’air et je détestais l’odeur. Je me suis arrangée pour que d’autres la fassent pour moi. Cela dit il a bien fallu que j’apprenne cela aussi.

 

changer filtre gasoil

3. Mes premières pannes de moteur

A la vérité, ma première panne de moteur a été surtout une panne de batterie. Nous naviguions au large de la Corogne, ma mère, ma sœur et moi-même. Le vent était complètement tombé et nous dérivions vers le rail du Cap Finisterre. Privées de batteries nous n’avions pas non plus de feux de mât ni de VHF pour avertir les cargos de notre situation. Comme le RC8D pouvait démarrer à la ficelle j’ai réussi à m’en sortir. Non sans difficultés car la place manquait dans la descente pour effectuer un geste ample et vigoureux sans se blesser.

L’année suivante sur mon propre voilier, le coude d’échappement a cassé. Les conséquences étaient impressionnantes: un mélange d’eau et de suie d’échappement giclant à toute force dans le compartiment du moteur. J’ai accosté au ponton à la voile et mon voisin mécanicien m’a fait fabriquer une nouvelle pièce par ses collègues de l’Arsenal de Brest…

Pendant le tour du monde à la voile nous avons eu également quelques soucis mécaniques: ruptures de durites, problème d’injecteur, d’alternateur, prise d’air introuvable sur le circuit de gas-oil… Ceci sans parler du petit moteur hors-bord de l’annexe qui a connu également quelques aléas.

J’ai souvent navigué avec des moteurs assez anciens, donc exposés à l’usure. A chaque nouvelle panne on apprend, on progresse (surtout en manœuvres de port à la voile) et on devient plus apte à prévenir la suivante.

4. Comment apprendre la mécanique marine?

Dès que vous devenez propriétaire d’un voilier, vous avez tout intérêt à savoir entretenir votre moteur. Vous serez ainsi en mesure de vous dépanner tout seul en mer ou à l’escale et surtout de repérer les symptômes d’usure avant que la panne ne survienne.

Je suis convaincue qu’il n’y a pas une seule bonne manière d’apprendre, dans aucun domaine que ce soit. Mon parcours d’apprentissage est lié à mon histoire et à ma personnalité, il en va ainsi pour chaque marin. Une seule chose est certaine: vous gagnerez du temps en alternant régulièrement théorie et pratique, explications et expérimentation.

Inutile d’accumuler les manuels de mécanique si vous n’essayez pas vous-même de changer vos filtres.

Inutile également de tourner avec une clé autour du bloc moteur si vous n’êtes pas capable d’identifier l’origine d’un dysfonctionnement.

Pour apprendre à entretenir le moteur de votre voilier vous pouvez recourir à:

  • l’aide d’un ami qui vous montre comment faire
  • un mécanicien professionnel qui réalise l’entretien de votre moteur devant vous
  • Aux vidéos nombreuses postées par des amateurs sur le web
  • la notice d’entretien de votre moteur
  • un guide de mécanique marine
  • Un stage de mécanique marine, comme proposé sur le site STW

Enfin, entraînez vous à manœuvrer à la voile dans les ports. Au minimum vous devez savoir prendre un corps-mort et accoster un quai à la voile. Soyez prêts également à plonger sous la coque pour dégager l’hélice au besoin. Ceci devrait déjà vous permettre de rentrer au port dans la plupart des cas sans avoir à appeler la SNSM!

 

clés mécanicien

 


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